Mardi 15 mai 2018 s’est tenue au Musée Ghibli de Mitaka, dans la banlieue de Tokyo, une cérémonie d’adieu à Isao Takahata, réalisateur de films d’animation et co-fondateur du Studio Ghibli, qui est décédé le 6 avril 2018 des suites d’un cancer du poumon. L’ami de longue date de Hayao Miyazaki avait été inhumé plus tôt en avril lors d’une cérémonie privée mais les nombreux admirateurs du Studio Ghibli ont pu par cette cérémonie officielle faire leurs propres adieux au directeur japonais décédé à l’âge de 82 ans.
L’hommage au talent de Isao Takahata
Le Studio Ghibli a choisi cette date du 15 mai 2018 et ce lieu symbolique, parfaite vitrine des œuvres que Isao Takahata a largement contribué à sublimer, pour organiser une cérémonie d’adieu honorant sa mémoire. L’événement a réuni un grand nombre des meilleurs talents de l’animation japonaise, venus pour rendre un dernier hommage à celui qui avait tant fait pour la diffuser et la faire connaître dans le monde. Le producteur du Studio Ghibli, Toshio Suzaki, et Hayao Miyazaki s’étaient également déplacés. Le réalisateur à la renommée internationale, adulé et encore en activité alors qu’il a fêté en début d’année ses 77 ans, a partagé avec l’assemblée un émouvant témoignage sur celui qu’il connaissait depuis plus de 55 ans. Les fans des anime Ghibli avaient déjà pu se rendre compte, à travers des séquences datant des premiers jours d’activité du fameux studio d’animation, de la bonne entente qui existait entre les deux perfectionnistes, mais le discours du maître de l’animation japonaise a permis de voir qu’il y avait bien plus que cela.
Hayao Miyazaki, encore très touché par la disparition de Isao Takahata, n’a pu retenir ses larmes et son émotion à l’évocation de son ami, avant de s’en excuser. Ensemble, ils avaient collaboré sur un grand nombre de projets (notamment “Horus, prince du soleil”, “Lupin III”, “Heidi, petite fille des Alpes” et “Nausicaä de la vallée du vent”) avant de créer le Studio Ghibli en 1985. Dans une interview, la légende vivante de l’animation japonaise avait dit qu’ils se connaissaient trop bien. Et lors de cette cérémonie-hommage, il s’est prononcé ouvertement, pour la première fois depuis le 6 avril, sur son partenaire de longue date qu’il n’a pas hésité à appeler de son surnom, finissant simplement son discours par un “Merci Paku-san”. Isao Takahata avait eu une formation littéraire et une grande passion pour la littérature française. Les films qu’il a réalisés, s’ils étaient moins légers que ceux réalisés par Hayao Miyazaki, faisaient preuve d’une belle poésie et d’un grand réalisme. Le plus francophile des réalisateurs japonais avait reçu au cours de sa carrière de nombreuses distinctions, notamment pour le film de 1988 qui restera certainement son plus grand chef-d’œuvre, “Le Tombeau des Lucioles”.