Musée Ghibli: la cérémonie d’adieu à Isao Takahata

Mardi 15 mai 2018 s’est tenue au Musée Ghibli de Mitaka, dans la banlieue de Tokyo, une cérémonie d’adieu à Isao Takahata, réalisateur de films d’animation et co-fondateur du Studio Ghibli, qui est décédé le 6 avril 2018 des suites d’un cancer du poumon. L’ami de longue date de Hayao Miyazaki avait été inhumé plus tôt en avril lors d’une cérémonie privée mais les nombreux admirateurs du Studio Ghibli ont pu par cette cérémonie officielle faire leurs propres adieux au directeur japonais décédé à l’âge de 82 ans.

L’hommage au talent de Isao Takahata

Le Studio Ghibli a choisi cette date du 15 mai 2018 et ce lieu symbolique, parfaite vitrine des œuvres que Isao Takahata a largement contribué à sublimer, pour organiser une cérémonie d’adieu honorant sa mémoire. L’événement a réuni un grand nombre des meilleurs talents de l’animation japonaise, venus pour rendre un dernier hommage à celui qui avait tant fait pour la diffuser et la faire connaître dans le monde. Le producteur du Studio Ghibli, Toshio Suzaki, et Hayao Miyazaki s’étaient également déplacés. Le réalisateur à la renommée internationale, adulé et encore en activité alors qu’il a fêté en début d’année ses 77 ans, a partagé avec l’assemblée un émouvant témoignage sur celui qu’il connaissait depuis plus de 55 ans. Les fans des anime Ghibli avaient déjà pu se rendre compte, à travers des séquences datant des premiers jours d’activité du fameux studio d’animation, de la bonne entente qui existait entre les deux perfectionnistes, mais le discours du maître de l’animation japonaise a permis de voir qu’il y avait bien plus que cela.

Hayao Miyazaki, encore très touché par la disparition de Isao Takahata, n’a pu retenir ses larmes et son émotion à l’évocation de son ami, avant de s’en excuser. Ensemble, ils avaient collaboré sur un grand nombre de projets (notamment “Horus, prince du soleil”, “Lupin III”, “Heidi, petite fille des Alpes” et “Nausicaä de la vallée du vent”) avant de créer le Studio Ghibli en 1985. Dans une interview, la légende vivante de l’animation japonaise avait dit qu’ils se connaissaient trop bien. Et lors de cette cérémonie-hommage, il s’est prononcé ouvertement, pour la première fois depuis le 6 avril, sur son partenaire de longue date qu’il n’a pas hésité à appeler de son surnom, finissant simplement son discours par un “Merci Paku-san”. Isao Takahata avait eu une formation littéraire et une grande passion pour la littérature française. Les films qu’il a réalisés, s’ils étaient moins légers que ceux réalisés par Hayao Miyazaki, faisaient preuve d’une belle poésie et d’un grand réalisme. Le plus francophile des réalisateurs japonais avait reçu au cours de sa carrière de nombreuses distinctions, notamment pour le film de 1988 qui restera certainement son plus grand chef-d’œuvre, “Le Tombeau des Lucioles”.

Le zoo de Tama à Tokyo

Le zoo de Tama (多摩動物公園, たまどうぶつこうえん, Tama doubutsu kouen), ou parc zoologique de Tama, se situe dans la préfecture de Tokyo, à un peu plus de 45 minutes du centre-ville. Il est le plus grand parc zoologique au Japon. Installé au milieu des collines à l’ouest de Tokyo, il est un lieu prisé des amateurs d’animaux exotiques, ainsi que des habitants de la région qui viennent s’y promener les jours de beau temps.

Le plus grand zoo du Japon

Moins connu que d’autres zoos de l’archipel comme celui de Tennoji à Osaka, fondé en 1915, celui de Kyoto, fondé en 1903, et surtout celui de Ueno à Tokyo, fondé en 1882, le zoo de Tama à Tokyo n’en est pas moins l’un des plus importants du Japon. Fondé en 1958, il était initialement une annexe du parc zoologique de Ueno dont il est pourtant éloigné de plus d’une vingtaine de kilomètres. Zoo urbain comme ceux de Tennoji, Kyoto ou Ueno, il se distingue par sa superficie et ses objectifs. Avec 52 hectares (129 acres), il est un des plus grands zoos en ville au monde, derrière ceux du Bronx ou de Pekin, et surclasse ceux de nombreuses capitales comme celui de Vincennes, Londres ou Moscou qui ne dépassent pas les 20 hectares. Dans un environnement forestier et à cheval sur plusieurs collines, ce zoo offre aux animaux des conditions de vie privilégiées au regard de nombreux autres établissements du même type. Les animaux sont dans des enclos qui leur permettent de se déplacer dans un élément naturel et spacieux. Avec un peu de chance, le visiteur peut ainsi voir les guépards courir ou des chevaux mongols galoper. De même, la douzaine de girafes vit au milieu de reconstitutions de cases africaines, et les tigres observent les visiteurs à flanc de colline, sur des troncs, des rochers ou au bord d’une petite rivière artificielle.

Les trois zones du parc zoologique de Tama

Contrairement à celui de Ueno, vous ne trouverez pas de panda au zoo de Tama à Tokyo. Les animaux asiatiques sont pourtant bien représentés, puisque la faune d’Asie et d’Afrique sont originellement les thèmes de ce parc zoologique japonais. En 1984, pour célébrer le jumelage entre Tokyo et la région de Nouvelle-Galles du Sud en Australie, une troisième zone, dite “australienne” a été adjointe aux deux premières, avant qu’un insectarium ne soit aussi construit. Il n’y a pas de sens de visite du zoo de Tama, et chacun est donc libre de déambuler au gré de ses sens dans le parc. Néanmoins, une fois passés l’entrée monumentale avec ses statues d’éléphant, son restaurant ou sa boutique de souvenirs, vous entrez de facto dans la zone asiatique. Trois routes s’offrent à vous : à droite, en direction de l’insectarium et de la zone africaine, en face, vers la traversée d’une partie de la zone asiatique aboutissant à la zone australienne, et à gauche, avec une montée vers le sommet de la zone asiatique. Cette dernière peut être relativement commode puisqu’elle permet ensuite de redescendre vers les différentes zones du parc zoologique. Et pour ceux qui ne veulent pas se fatiguer trop rapidement, un mini-bus fait également la navette toutes les 10 minutes, vous amenant gratuitement dans la partie des chevaux asiatiques d’où vous pouvez ensuite commencer votre descente et entamer une visite qui ne durera pas moins de quatre heures, à la découverte des animaux du zoo de Tama !

Tarifs et accès au zoo de Tama à Tokyo

  • Adresse :

Tokyo-to, Hino-shi, 7-1-1, Hodokubo

  • Accès :

En train, ligne Keio ( station Tama Dobutsu Koen ), ou ligne Odakyu jusqu’à Tama Center et monorail (station Tama Dobutsu Koen)

  • Ouverture :

De 9h30 à 17 h, fermé tous le mercredis et du 29 décembre au 1er janvier.

  • Prix :

Adultes (16-64) : 600 yens

Seniors (65+) : 300 yens

Étudiants (13-15) : 200 yens

Enfants (0-12) : Gratuit

  • Autres informations :
  • L’entrée est gratuite les 4 et 5 mai ainsi que le 1er octobre.
  • L’entrée est gratuite pour les personnes handicapées et un accompagnateur.
  • 20% de réduction sont offerts aux titulaires d’une “Welcome Card” de l’Office du Tourisme japonais.

Hachiko, le chien fidèle japonais

Hachiko représente pour les Japonais ce qu’un chien a de plus remarquable, la fidélité envers son maître. Tout le monde connaît son histoire et cela dépasse même les frontières du Japon. Véritable icône, il symbolise à lui seul tout un quartier grâce à la statue qui a été érigée en son souvenir devant la gare de Shibuya. Même si nous connaissons chez nous sa version hollywoodienne, l’histoire de ce chien pas comme les autres mérite d’être approfondie tant elle est remarquable et continue de marquer l’esprit des Japonais.

La vie de Hachiko à Tokyo

Hachiko est né le 10 novembre 1923. Chien blanc de race Akita, il est adopté quelques mois plus tard par Hidesaburo Ueno, un professeur au département d’agriculture de l’Université impériale de Tokyo, l’actuelle Université de Tokyo. C’est lui qui lui donne son nom en référence à son huitième rang de la portée (Hachi signifie huit en japonais et ko est un terme affectueux signifiant prince). Rapidement, une belle relation s’installe entre eux et le professeur, qui habite dans le quartier de Shibuya, prend pour habitude d’amener son chien à la gare avant d’aller travailler. Hachiko connaît le chemin pour rentrer à la maison et le soir l’opération se répète en sens inverse, le chien attendant son maître sagement devant la gare, toujours à la même heure, pour le raccompagner chez lui. Le manège se rejoue à l’identique tous les jours jusqu’au 21 mai 1925 où Hachiko, alors âgé de 18 mois, ne voit plus revenir le professeur. Une hémorragie cérébrale a terrassé ce dernier sur son lieu de travail et il ne reviendra plus jamais.

Cependant, cela n’altère pas la loyauté du beau chien Akita qui suivra le même chemin dès le lendemain et les jours suivants. Rien ni personne ne peut le dissuader, même pas les proches du professeur qui ont fini par prendre le fidèle compagnon à quatre pattes sous leurs ailes, et les jours défilent avec toujours le même épilogue. Le 4 octobre 1933, un article du journal Asahi Shinbun titré « l’histoire émouvante d’un vieux chien qui attend son maître décédé depuis sept ans » permet au Japon tout entier de connaître Hachiko. Le chien devient très célèbre et les marques d’affection sur son lieu d’attente sont nombreuses. Deux ans plus tard, le 8 mars 1935, alors qu’il est âgé de 11 ans et qu’il a attendu son maître tous les jours à la même heure pendant neuf ans, Hachiko meurt des suites d’une maladie. Symbole national de la loyauté, il est empaillé et conservé au Musée national de la nature et des sciences de Tokyo et ses cendres reposent auprès de son maître dans le cimetière d’Aoyama.

Des statues et des films au Japon

Un an avant sa mort, des journaux avaient suggéré l’idée d’ériger une statue en bronze en l’honneur du chien et en avril 1934 un monument est implanté devant la gare de Shibuya, à l’endroit même où il attendait son maître. La petite histoire raconte même qu’Hachiko était présent à l’inauguration de sa statue. Mais en raison de la pénurie de métaux, elle a dû être fondue pour les besoins de la guerre. C’est en août 1948 qu’une nouvelle statue du fidèle compagnon en position d’attente est réinstallée au même emplacement, faisant de ce spot, appelé aussi Chuken pour « chien fidèle », un des endroits les plus populaires de Shibuya, le lieu de rendez-vous privilégié des Tokyoïtes quand ils se retrouvent dans le quartier et une attraction immanquable pour les touristes étrangers. La statue est parfois habillée, tout le temps encerclée par des dizaines de gens (prendre une photo sans personne autour relève de l’exploit) et une cérémonie en l’honneur d’Hachiko a lieu tous les ans le 8 avril. Si vous avez de la chance, un chat vient même parfois se glisser entre ses pattes pour se reposer à l’abri des flash. Alors qu’une statue similaire avait été érigée en 1935 devant la gare d’Odate, dans la Préfecture d’Akita d’où est originaire Hachiko, avant d’être fondue pour la guerre et remplacée en 1986, un petit sanctuaire en son honneur se trouve aussi dans la gare. Une nouvelle statue a aussi été érigée devant le musée du chien Akita de la même ville, jumelée à Shibuya, en 2004.

Pour les 80 ans de la mort d’Hachiko, une statue a été érigée le 9 mars 2015 dans l’université de Tokyo, celle-là même où travaillait le professeur Ueno (et où il est mort). Toujours de bronze, elle réunit cette fois le chien loyal et son maître dans une posture émouvante qui nous ramène au temps où les deux amis se retrouvaient à la gare de Shibuya. Le harnais que porte le chien est le même que celui qu’on peut voir sur sa dernière photo et l’expression de joie qui se lie sur les deux visages immortalise à la perfection cette relation unique qui unissait le professeur Ueno à son fidèle compagnon. Si vous voulez voir cette statue, il faut prendre la ligne de métro de la Nanboku Line jusqu’à la station Todaimae. La littérature et le cinéma ont également fait entrer Hachiko dans la postérité avec un film japonais de 1987, Hachiko Monogotari, et sa version moins authentique et plus hollywoodienne Hachi, sorti en 2009, avec Richard Gere. A noter enfin que les Japonais ont retrouvé avec cette fabuleuse histoire un nouvel intérêt pour les chiens de race Akita qui était alors presque éteinte.

La Saint-Valentin au Japon: amour et chocolat !

La Saint-Valentin est célébrée au Japon tous les 14 février, comme dans la plupart des pays. La tradition, importée à la fin des années 50, a une origine incertaine. Elle a d’abord suscité peu d’intérêt, parce que trop éloignée de la culture japonaise, avant de s’installer petit à petit pour devenir une date importante sur le calendrier des Japonais. Mais, alors qu’elle ne s’adresse normalement qu’aux gens en couple, les Japonais ont détourné le sens originel pour associer le plus de monde possible à l’événement, célibataire compris. C’est une fonction sociale qu’apporte la fête de l’amour au Japon, et celle-ci s’allie à merveille avec le côté commercial de l’événement, surtout avec l’autre originalité japonaise du “White Day”.

La fête des amoureux le 14 février au Japon

La fête du chocolat : un cadeau pour l’homme seulement !

Quand arrive le 14 février, il est de coutume chez nous de passer du temps avec l’être cher et de s’échanger des cadeaux. Les fleurs sont de mise et le cadre idéal pour une soirée romantique est le restaurant. Mais ce n’est pas la logique ni le “programme” qui s’appliquent dans la société japonaise. En effet, pour la Saint-Valentin, il n’y a pas de réciprocité dans l’échange des cadeaux et seule la femme en offre un à son compagnon ! Et pas n’importe quel cadeau puisque la Saint-Valentin est au Japon la fête du chocolat. Considéré comme un produit de luxe pendant l’après-guerre, lorsque la tradition est arrivée au Japon, c’est une promotion et une publicité d’un confiseur qui l’aurait placé comme symbole de la fête, devant la fleur qui représente l’amour passionnel. C’est une sacrée aubaine pour les chocolatiers qui réaliseraient durant cette période entre 15 et 20 % de leurs ventes annuelles. Les boîtes de chocolat envahissent en effet les boutiques dès le mois de janvier, avec toutes sortes de décorations kawaii, et les industriels rivalisent d’ingéniosité pour proposer les offres les plus alléchantes à leurs clientes en recherche d’originalité. Les marques et les expressions ou phrases en français sont d’ailleurs à l’honneur pour cette fête, en symbole du romantisme et de la délicatesse “à la française”, en même temps que de son savoir-faire en matière gastronomique. Si l’amoureuse est également une fine cuisinière, toute confection de sa part sera encore plus appréciée car faisant preuve d’originalité et venant du cœur. L’homme en retour n’offre rien et il n’y a pas plus de rendez-vous au restaurant que les autres jours.

La fonction sociale de la fête de l’Amour pour les Japonais

Il est une autre originalité de la Saint-Valentin qui réside dans la diversité des personnes destinées à recevoir du chocolat et dans la volonté affichée du geste : entretenir une relation ! Et chacun de ces cadeaux a son propre nom. En effet, ces dames ou demoiselles, en plus de remettre des chocolats à leur compagnon si elles en ont un (le Honmei Choco ou “chocolats du favori”), peuvent également en offrir aux hommes de leur entourage. Cela pourra être le Tomo Choco ou “chocolat de l’amitié”, un cadeau fait pour entretenir les bonnes relations avec ses amis. Cela pourra être aussi le Giri Choco, qui se fait cette fois en milieu professionnel et qui peut avoir deux significations. S’il se fait par courtoisie, il désigne celui que les femmes offrent aux collègues qu’elles apprécient particulièrement. S’il se fait par obligation, il désigne alors celui que les femmes font dans le simple but d’entretenir une bonne entente au travail. Cela s’applique également pour le patron. Ces chocolats sont donc destinés à des hommes mariés, en couple ou célibataires, et qui peuvent mesurer par là leur côte de popularité auprès de la gent féminine de leur entreprise. Enfin, à côté du Jibun Choco, qui consiste à s’offrir à soi-même du bon chocolat, et des cadeaux qui se font au sein de la famille, une autre catégorie de cadeaux concerne celui qui permet aux jeunes filles ou femmes de déclarer leurs sentiments à l’élu de leur cœur. Les garçons qui rencontrent un grand succès auprès des filles de leur école peuvent ainsi rentrer chez eux le soir de la Saint-Valentin avec le sac rempli de petits coffrets de chocolat. Le cadeau est alors sans équivoque et, comme dans tous les cas cités, attend une réponse en retour, qui n’intervient qu’un mois plus tard lors du “White Day“.

Le White Day, pendant de la Saint-Valentin au masculin

Le cadeau de l’homme en retour aux chocolats de la femme

Le White Day intervient exactement un mois après la Saint-Valentin, le 14 mars. Le “Jour blanc” a été initié à la fin des années 70 par l’Association Nationale des Confections Industrielles qui a vu qu’il y avait une belle campagne commerciale à faire avec les cadeaux de retour, marshmallows ou chocolat blanc pour commencer, et a déposé l’appellation en 1980. Le White Day marque donc la date à laquelle les hommes qui ont reçu des chocolats de leur épouse, compagne, amie ou collègue de travail, doivent, par souci d’équité, faire un cadeau en retour. Pour cette raison, certains hommes n’aiment pas recevoir de chocolat le jour de la Saint-Valentin. En effet, ils vont d’abord devoir faire un cadeau en retour, mais celui-ci devra être d’une valeur jusqu’à trois fois supérieure à celle du présent qu’ils ont reçu. Les fleurs ne font toujours pas partie des cadeaux les plus représentés mais la lingerie, les bijoux, les vêtements, sacs ou accessoires, les confiseries, gâteaux ou chocolats, encore et toujours eux, font partie des présents que ces messieurs font à celles qui ont eu, un mois auparavant, une petite attention pour eux. Et suivant la tradition, le cadeau de l’homme doit être blanc. La couleur aurait été choisie en référence au sucre comme ingrédient principal des confiseries et parce que c’est la couleur de la pureté. La Saint-Valentin peut donc être utilisée par certaines femmes dans l’espoir de voir leur petit coffret de chocolat se transformer en retour en un cadeau d’une valeur plus importante. Reste que, pour trouver un cadeau qui leur convienne, les hommes doivent connaître un minimum leurs goûts. Le large choix que leur proposent les commerçants, qui eux ne manquent pas d’idées, peut vite être un casse-tête, et un bon moyen de casser sa tirelire !

La signification de certains cadeaux remis lors du « Jour Blanc »

Pour ne pas avoir à faire de cadeau en retour, certains hommes vont même jusqu’à refuser poliment le cadeau qui leur est fait le jour de la Saint-Valentin. Mais s’ils acceptent le cadeau, ils doivent jouer le jeu jusqu’au bout et accepter les règles comme une obligation d’ordre moral. Si le Giri Choco ne porte pas à confusion puisque fait dans un milieu professionnel, les cadeaux offerts pour déclarer sa flamme sont faits dans l’attente d’une réponse. Et parmi les cadeaux que les hommes choisissent en retour, certains peuvent avoir une signification. L’absence de cadeau d’abord est sans équivoque : les sentiments que la femme a pour l’homme à qui elle a fait le cadeau ne sont pas réciproques. Néanmoins, mieux vaut peut-être ne rien recevoir plutôt qu’avoir des marshmallows en retour car, plus que l’indifférence, ils signifient que l’homme n’aime pas la femme qui lui a offert les chocolats. Recevoir des cookies a un autre sens mais qui ne va pas non plus dans celui souhaité par la femme puisque l’homme exprime par là ses bons sentiments amicaux, et rien de plus. Il ne faut donc pas s’attendre à plus de romance de la part d’un homme qui a fait ce présent. Enfin, les bonbons semblent être au Japon le cadeau choisi par les hommes pour dire aux femmes qui leur ont offert des chocolats qu’ils partagent les mêmes sentiments et qu’une relation amoureuse peut commencer dès à présent. Les adolescents ont adopté une autre pratique : le garçon peut offrir ce jour-là un ruban blanc à la fille qu’il a choisi, même si celle-ci ne lui avait pas donné de chocolats. À la fin de la journée, si le nœud a été noué au poignet, aux cheveux ou sur le sac, cela veut dire que les sentiments sont également partagés.

Fête très originale et détournée de façon spécifique par les Japonais, avec des règles plus ou moins établies, la Saint-Valentin reste une fête très commerciale. La véritable fête des amoureux se situerait au Japon quelques semaines plus tôt. Autre tradition occidentale détournée par le peuple nippon, le réveillon de Noël est privilégié par les couples pour se retrouver en rendez-vous galant, aller au restaurant et au karaoké, loin de nos considérations traditionnelles, pour partager de bons moments en amoureux.

L’île de Gunkanjima

Au sud du Japon se trouve une île vraiment insolite et unique en son genre. De son vrai nom Hashima, Gunkanjima lui a été attribuée après qu’elle ait subi des modifications qui l’ont défigurées à jamais et lui ont données une certaine ressemblance avec les cuirassés de guerre japonais. Ce terme signifie d’ailleurs “l’île navire de guerre”, ce qui donne l’ampleur des conséquences qu’a eu sur elle l’activité humaine. Très connue aujourd’hui comme un des meilleurs sites abandonnés du Japon, il fascine le touriste étranger. Nous vous proposons donc une petite visite de ce petit bout de terre situé au large de Nagasaki, passée du statut d’île sur-urbanisée pour les besoins de l’activité minière à île fantôme.

L’histoire minière de l’île de Gunkanjima au Japon

De la découverte à l’exploitation des ressources minières

L’histoire de Gunkanjima, située à moins de 20 kilomètres au sud de Nagasaki (Kyushu), commence en 1810 lorsqu’un gisement de houille, un combustible correspondant à une qualité de charbon, fut découvert. Les premiers à venir sur l’île ramassaient la roche carbonée à la main avant que, dans la deuxième partie du XIXème siècle (1867 marque le début de la modernisation du Japon), les besoins en combustibles se fassent essentiels. Des entreprises essayèrent de l’extraire sur place mais les conditions climatiques difficiles les empêchèrent de rester en service. Ce n’est alors qu’en 1890 que Mitsubishi Mining Company acheta l’île et commença à extraire la houille dans des mines sous-marines. Des constructions de digues et d’infrastructures furent alors effectuées, ce qui eut pour effet de tripler la surface de l’île.

L’urbanisation à outrance de l’île devenue une ville japonaise

Petit-à-petit, pour permettre aux employés des mines de rester sur place, une ville s’organisa. En 1916 fut construite sur l’île la première barre d’immeuble en béton armé du Japon, appelé “Numéro 30”, de sept étages (une autre innovation s’y produira plus tard avec le premier jardin sur toit du pays). Avec les besoins croissants en houille, une véritable urbanisation de l’île s’opéra, signifiant pour elle de nouvelles constructions pour les mineurs et leur famille : immeubles, hôpital, école, garderie, temples, centre communautaire, hôtel de ville, discothèque, piscine, cinéma, bain public, magasins et même pachinko. Le pic d’occupation a été atteint en 1959 avec 5259 habitants sur l’île de 6,3 hectares, ce qui représentait alors, avec 84 100 habitants/km2 (ou 139 100 habitants/km2 pour le seul quartier résidentiel) la plus forte densité au monde, neuf fois plus importante qu’à Tokyo. Mais quinze ans plus tard, en 1974, les mines durent fermer à cause de l’épuisement des réserves du précieux combustible et de son remplacement par le pétrole comme source principale d’énergie dans l’économie japonaise. Les résidents n’ont eu alors que trois mois pour faire leurs valises et abandonner l’île. Gunkanjima est ainsi retombée dans sa situation post-minière, un lieu désert malgré les tonnes de béton qui recouvraient sa surface.

Un haut site de tourisme au large de Nagasaki

Un lieu devenu touristique malgré lui

Le petit bout de terre a connu cette situation d’abandon pendant plus de trente ans avant que l’intérêt pour “l’île navire de guerre” reprenne dans les années 2000 en raison de ses ruines que quelques photographes passionnés et aventureux ont fait découvrir au monde. Les bâtiments sont demeurés pour la plupart intacts malgré leur âge et les dures conditions climatiques auxquelles ils sont confrontés. Et bien que l’intérêt historique que les vestiges bétonnés représentaient pour le pays, la visite des lieux était interdite car représentant un certain danger. Jusqu’à 2009 où un tourisme s’est installé autour de la ville flottante afin de permettre aux curieux de découvrir de leurs propres yeux ce témoignage d’un temps révolu qu’un bateau met 40 minutes pour atteindre au départ de Nagasaki. Des murs ont été restaurés et le tour, qui ne dure pas plus d’une heure, est guidé, de sorte qu’on ne puisse s’aventurer où bon nous semble à l’intérieur du labyrinthe artificiel constitué de cours, de rues, de passerelles, d’escaliers et de bâtiments divers. On ne peut pas pénétrer non plus à l’intérieur de ceux-ci et tout est bien balisé, sur une partie seulement de l’île. Mais l’esprit est bien intact et les compagnies qui organisent ces tours ne désemplissent pas, montrant bien l’intérêt de plus en plus fort du public pour ce genre d’excursion.

Un site classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO

Bien que le parcours soit aménagé, il permet d’apprécier au plus près les immeubles qui, du temps de leur activité, ne dormaient jamais. L’île est ainsi devenue un symbole de ce qu’a pu être l’industrialisation rapide du Japon, dans son côté le plus extrême. Nombreux sont les documentaires et films qui se servent de l’île fantôme comme décor, dont “Inception” en 2010 ou “Skyfall”, la 23ème aventure de James Bond, en 2012. En 2015, c’est “L’attaque des Titans” qui se sert de l’île comme lieu de tournage. En juillet de la même année, Gunkanjima est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en tant que site de la révolution industrielle Meiji. Les deux Corée et la Chine avaient critiqué la demande d’inscription faite par le Japon dès 2009 car l’île a aussi un côté sombre : pendant la Deuxième Guerre mondiale, des prisonniers de guerre de ces pays avaient été amenés sur l’île et y étaient assignés en tant que travailleurs forcés. C’est d’ailleurs l’objet du film sud-coréen de 2017 “Battleship Island”, qui amène un autre visage à ce double symbole de l’industrialisation et de l’architecture moderne japonaises.

Informations sur la visite insolite de l’île fantôme

Il faudra vous y prendre très tôt pour réserver la visite tant les calendriers peuvent vite se remplir et afficher complets des mois à l’avance. Il faudra aussi compter sur la chance eu égard au climat qui pourra, selon les cas, empêcher tout bateau d’accoster sur l’île. La traversée peut à ce titre être très agitée. Néanmoins, si tel est votre but, voici quelques informations qu’il vous faut savoir sur la visite de Gunkanjima et les sites par lesquels il vous faudra passer.

1. Gunkanjiama Concierge Company:

3600 yens (3900 le week-end) pour adulte et 1700 yens (ou 1900) pour les enfants, avec deux départs par jour, à 10h10 et 13h30. Des audioguides en anglais sont proposés aux touristes pour profiter des informations diluées sur le bateau avant l’approche de l’île et une fois dessus.

2. Gunkanjima Cruise:

3600 yens pour adultes et 1800 pour enfants. Deux horaires existent à 9h10 et 14h. Le tour dure 3 heures et inclut une visite du musée de Takashima, mais aucun service en anglais n’est assuré.

3. Gunkanjima Landing and Cruise:

4200 yens pour adultes ou 2100 yens pour enfants. Il y a deux courses à 9h et 13h pour une durée de 2h30.

4. Seaman Company:

3600 yens pour adultes et 1750 yens pour enfants. Le service est en japonais uniquement pour deux services à 9h45 et 13h.